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C’est à vingt-cinq ans que l’on coiffe la Sainte Catherine. Certaines assurent que c’est à trente, et de plus intéressées encore ne veulent pas abdiquer avant quarante. Mais, le proverbe dit : À vingt-cinq ans, on se marie sans choisir : d’où il faudrait conclure que le quart de siècle est, en effet, le terme fatal.

Un savant, M. Guitard, a donné l’explication suivante sur la prétendue coiffe de Sainte Catherine :

« C’était autrefois l’usage en plusieurs provinces, le jour où, une jeune fille se mariait, de confier à une de ses amies, qui désirait faire bientôt comme elle, le soin d’arranger la coiffure nuptiale, dans l’idée que cet emploi portant bonheur, celle qui le remplissait ne pouvait manquer d’avoir, à son tour, un époux dans un temps peu éloigné. Or, comme cet usage n’a jamais été observé à l’égard d’aucune autre sainte connue sous le nom de Catherine, puisque, d’après les légendes, toutes les saintes portant ce nom sont mortes vierges, on a pris de là occasion de dire qu’une vieille fille reste pour coiffer Sainte Catherine, ce qui signifie qu’il n’y a de chance pour elle d’entrer en ménage, qu’autant qu’elle aura fait la toilette de la Sainte, condition impossible à remplir. »

Cette explication me semble, — c’est bien le cas de le dire — tirée par les cheveux. Pour ma part j’aime mieux celle-ci, plus simple et fondée plutôt sur l’ancienne coutume de coiffer de fleurs les statues des saintes dans les églises.

Comme on ne choisissait que des vierges pour couronner ainsi Sainte Catherine, la patronne des vierges, il était très naturel de considérer cet office comme dévolu à celles qui vieillissaient sans espoir de mariage.

Hé, oui ! c’est à vingt-cinq ans, décidément, que l’on coiffe la Sainte Catherine ; cérémonie d’un caractère tout privé, dont le secret est bien gardé par les initiées