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Et pour cela, la femme doit avoir préalablement reçu une forte dose d’instruction.

Ce ne sont que les ignorantes qui affligent l’humanité de phrases frivoles et vides de sens.

Deux éléments surtout sont absolument essentiels à notre instruction : une entente complète de la littérature et l’étude de l’histoire.

Avec des connaissances suffisantes à cet égard, et du jugement pour les bien employer, toute femme peut aisément se tirer d’affaire.

Hélas ! il n’y a cependant pas de parties plus négligées dans l’enseignement des pensionnats : l’histoire, surtout, y est très superficiellement traitée, et, je ne saurais en donner la raison, car, enfin, s’il y a quelque chose d’agréable à apprendre et de facile à enseigner, c’est bien l’histoire.

Je vous dis que c’est une pitié que la méthode dont on se sert pour l’inculquer aux élèves : une accumulation de dates sèches et de noms, qui ne leur laissent absolument rien dans la tête.

Au sortir du couvent, cette étude ne se reprend pas aussi facilement que la littérature, car on va plus volontiers vers les œuvres purement littéraires ; auxquelles on s’attache de préférence.

L’étude de l’histoire proprement dite est plus ardue ; il faut s’y mettre d’une façon sérieuse, et, les tableaux chronologiques en mains, recommencer à reconstituer, dans sa mémoire, les dynasties et les républiques.

Bien peu ont cette persévérance, ce qui fait, qu’avec toute l’intelligence possible, beaucoup de femmes, qui parleront gentiment du dernier roman de Loti, ou de Daudet, sont d’une ignorance absolue en fait d’histoire.

Rien de ce qui doit ajouter au charme de la conver-