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D’où venez-vous, gentilles messagères ? Sous quel ciel avez-vous passe ces longs mois de l’hiver ? Et, quelle oreille avez-vous charmée de vos chants joyeux ?

Quel dommage que les petits oiseaux ne sachent que gazouiller, et qu’on ne puisse comprendre cet harmonieux langage !

Autrement, que de récits charmants ils nous feraient de leurs nombreuses pérégrinations… quelles idylles ils pourraient nous raconter, et, quels drames émouvants, peut-être, nous mettraient des larmes dans les yeux…

Que se passe-t il donc dans ce monde ailé ? est-il comme le nôtre, charitable ou médisant, bon ou méchant, constant ou infidèle ?

Mais, du moins, dans ces habitations aériennes, embaumées et bercées par la brise qui passe, oh se console de tout par des chansons…

Le bon sucre de l’érable est encore là, pour nous donner la preuve du retour du printemps.

Le soleil a amolli l’écorce des arbres, et, la sève généreuse a jailli de leur tronc.

Précieusement, on en recueille chaque goutte, et, voilà, qu’après avoir subi l’action du feu, ce liquide incolore se métamorphose en de solides massepains de couleur dorée, dont le délicieux fondant flatte si agréablement le palais.

Vous ne savez pas ? Aux premiers fruits de la saison, aux premiers produits de l’année nouvelle, on formule un souhait.

J’en ai fait un, l’autre jour, en croquant, pour la première fois, un cœur symbolique en sucre d’érable. Les seuls cœurs, probablement, qui soient aussi tendres.

Mon souhait ne se réalisera pas. Combien d’autres, tout aussi précis, tout aussi ardemment attendus, et, qui n’ont jamais eu, cependant, leur réalisation.