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et ses lumières ne doivent tendre qu’à diriger les sociétés, dans l’ordre intellectuel et moral. La mission de la presse étant, sans contredit, une des plus nobles qui soient au monde, il importe d’en bien connaître la responsabilité et les devoirs.


Lundi, 5 mars.

Patti, la diva, Patti, la reine du chant, a passé parmi nous. Ainsi qu’un rossignol, dans sa course à travers l’espace, se posant un instant sur un rameau flexible, jette dans le ciel bleu sa divine chanson, puis, repart à tire-d’aile charmer d’autres contrées par ses accents mélodieux, l’incomparable artiste, à peine, a effleuré notre sol.

Avec quelles délices nous avons écouté cette voix, ni moins fraîche, ni moins souple qu’autrefois, et, qui séduit comme un appel de sirène.

Rien, de tout ce qu’on en pourrait écrire, ne saurait rendre les nuances admirables de ce soprano délicat, les élans de son génie, et les chaleureuses inspirations qui s’échappent de son gosier docile.

Patti, c’est l’âme,

C’est cette voix du cœur qui seule au cœur arrive,


comme disait Alfred de Musset, dans sa magnifique apothéose de la Malibran.

En l’écoutant, chacun retenait son souffle, pour ne rien perdre de la suave mélodie qu’elle traduisait en sons sublimes, doux et forts en même temps, et qui montaient, montaient toujours pour retomber en pluie de notes fines et cristallines qu’on aurait voulu emprisonner dans son oreille.

Ah, l’irrésistible charmeuse, qui ajoute encore aux sé-