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Bien plus, je dirai que ces bavardages de salle de police ont souvent un très mauvais effet. Tel malheureux, par exemple, se trouvant, grâce à cette publicité, marqué, à la première offense, de la flétrissure d’une condamnation, et, rendu méprisable aux yeux de ses camarades, désespère de pouvoir se réhabiliter, et, retombe dans la même faute, jusqu’à ce que le vice, devenu invétéré, ait éteint chez lui tout sentiment d’honneur ou de honte.

Pourquoi ne pas remplacer les comptes rendus de la police correctionnelle, lesquels, dans tous les cas, ne sauraient être d’aucun intérêt, par des informations plus utiles des conseils sur l’hygiène, quelques principes d’économie sociale, des indications sur les progrès de la science et des découvertes modernes.

Et, tant d’autres sujets que l’on pourrait varier et rendre instructifs, ou amusants, à la portée de toutes les intelligences et de nature à produire un effet salutaire sur les sociétés, en général.

Naturellement, les abonnés, habitués à se saturer l’imagination de descriptions malsaines, des contorsions d’un supplicié, des détails scandaleux d’une liaison coupable, murmureront, peut-être, de ne plus trouver dans leur lecture quotidienne les horreurs accoutumées, mais, peu à peu, on en perdra le besoin, et le cœur et l’intelligence se porteront vers tout ce qui sera le plus propre à les élever et à les développer.

Pour la classe aisée, qui peut se permettre le luxe d’acheter autant de livres que sa fantaisie le lui suggère, s’instruire est chose assez facile.

Il n’en est pas de même, pour beaucoup de familles, où l’on ne peut épargner que le sou destiné à l’achat du journal de chaque jour.

Il leur tient donc lieu de tout : de juge, d’arbitre et d’instructeur ; c’est pourquoi, ses jugements, ses conseils