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sabilité de la presse, par suite de l’influence qu’elle exerce, surtout, dans les milieux où l’instruction n’a pas encore entièrement dissipé les ténèbres de l’ignorance et des préjugés !

Pour la plupart de ces gens, l’opinion du journal qu’ils reçoivent, c’est leur profession de foi.

Jamais, ils ne songeraient à nier les choses qu’ils y lisent.

— C’est écrit dans l’imprimé, disent-ils, donc, c’est vrai.

On voit d’ici, pour peu que l’on connaisse les roueries du journalisme, toutes les conséquences qu’un pareil raisonnement peut amener.

Le plus simple fait divers est dénaturé d’une façon extraordinaire, à tel point, que vous avez peine à reconnaître, dans les journaux du lendemain, le modeste incident dont vous avez été témoin, la veille.

Le but de la presse, devant être surtout d’instruire et de mettre au courant des questions sociales et des graves événements du jour, on peut constater toute la surperfluité de certains articles.

Sans même parler de ces racontars malsains, — suicides, pendaisons et meurtres, qui produisent sur les esprits impressionnables de si fâcheux effets, — il y a de ces riens, de ces inutilités, qu’on pourrait si aisément remplacer par des choses plus instructives, et surtout plus pratiques, au lieu de consacrer des colonnes de paragraphes, pour annoncer qu’un chien s’est fait écraser par une voiture, qu’un cheval s’est abattu dans telle rue, ou autres puérilités du même genre.

Je ne sais, aussi, pourquoi il faille faire des relevés si exacts du nombre des délinquants, à la cour du recorder.

Que nous importe qu’une fille de joie soit condamnée à quelques mois de prison, qu’un homme ivre ait été trouvé au coin d’une borne.