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C’est dans ses soirées intimes que ressortent avec plus de relief les qualités aimables, la délicatesse et le tact exquis de la maîtresse de la maison.

Il lui faut voir à tout : à ce que les conversations soient animées, à ce que les éléments qui composent un groupe soient sympathiques, et, surtout, à ce que les personnes ne restent pas dans le même coin toute la soirée, sans le moindre prétexte pour agir de la sorte.

Souvent, il arrive que, pour ne pas laisser une jeune fille seule, son galant interlocuteur reste auprès d’elle, en attendant qu’il puisse trouver une occasion de s’éclipser poliment. Mais, le vide se fait peu à peu autour d’eux, on n’ose pas rompre un tête-à-tête qui parait si intéressant, et le couple reste là, seul, assez embarrassé de sa position, le point de mire de tous, et l’objet de bien des remarques désobligeantes.

Il y en a qui gagnent de la sorte une réputation de flirt invétéré, de partenaire dangereux et qui sont, pourtant, les gens les plus inoffensifs au monde.

Ces petits détails, à surveiller, sont, sans doute, des contrariétés pour la maîtresse de maison, mais ils sont bien vite compensés par tout le plaisir qu’on goûte, ordinairement, à ces veillées aimables, données à la bonne franquette.

Pourquoi sont-elles si rares ?

J’en sais de bien gentilles, où la gaieté a régné toute franche, où le cœur s’est dilaté tout à son aise, dans l’atmosphère chaude et bienfaisante d’une bienveillante hospitalité.

Encore ces jours derniers… mais chut ! pas d’indiscrétion. Il est dans le rôle de la chroniqueuse de n’aborder que les généralités.