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souche principale. C’est ainsi que les familles Tremblay, très répandues sur la rive nord, répondent successivement au sobriquet de Tremblay la Cervelle, le Picoté, la Gadelle, Cornette, P’tit nez d’oie, Poulette, Quenette, etc. M. le shérif Cimon me disait qu’il fallait les inscrire, sous ces appellations, dans les actes notariés même.

Et pour peu que ces braves gens habitent des concessions appelées Mains-Sales, Pousse-Pioche, St-Snigol et autres d’un zolaïsme trop cru pour que je me permette de les mentionner, l’effet est assez cocasse.

Mais, trêve aux originalités des Malbaiiens ; l’écorce est un peu rude, mais le coeur est bon, large comme leur vaste horizon, généreux comme leur terre hospitalière.


Lundi, 25 septembre.

Aujourd’hui, j’aimerais à vous parler des jours d’automne, de ces jours aux matins si ternes, aux soirs si pâles.

Le soleil pourtant brille encore à son zénith. Pendant quelques courtes heures, il se fait coquet pour nous attirer. Mais ses efforts sont vains ; déjà pour nous il n’a plus la même force, la même chaleur. Nous nous éloignons de lui, et las de se faire beau pour la terre inconstante, il va prodiguer ailleurs ses faveurs et ses sourires.

Tout s’en va : les fleurs, la verdure, la feuillée. Les oiseaux aussi nous laissent, les petits oiseaux dont un poète a dit :

Les oiseaux, ce sont des baisers
Que le ciel donne à la terre ;
Sur les lacs, par leur vol rasés
Les oiseaux, ce sont des baisers.

Bientôt leurs nids déserts se balanceront mornes et tristes aux branches nues, comme ces maisons abandonnées qui prennent dans leur isolement un air de désolation si profonde.