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vers le berceau à demi caché sous un fouillis de chèvre-feuille, et se disposa à y servir la collation du soir. Sa chanson maintenant montait plus nette et plus distincte, et son rythme traînant donnait un caractère de douce mélancolie à la chute du jour.


Du lait riche, recouvert d’une crème épaisse et exhalant une odeur de trèfle, des framboises cueillies sur les arbustes mêmes du jardin, du beurre moulé en petites boules de la forme d’une grosse fraise, d’appétissantes galettes cuites au four, des confitures, et une large miche de pain brun, composaient notre repas du soir.

— Restez ici, me disait mon hôtesse, les heures du soir sont des heures charmantes et le rossignol n’a pas encore chanté.

Le devoir m’appelait ailleurs. Il me fallait dire adieu à ces lieux enchanteurs ; je fis le tour du jardin, du verger, j’allai regarder encore les roses qui achevaient de mourir dans le vase en vieille porcelaine sur le guéridon, et, au moment où l’Angélus du soir, qui, « semble pleurer le jour qui meurt » sonnait au clocher de l’église, je partis sans oser retourner la tête.

Mais je reviendrai entendre chanter le rossignol….


Lundi, 11 septembre.

Adieu les vacances !

Adieu les beaux jours passés au coin des bois, sur les grèves, dans les endroits fashionables fréquentés des touristes, ou mieux encore, dans les thébaïdes profondes, retraites enviées des philosophes et des penseurs !

Maintenant, tous ces lieux, inondés de soleil et d’air libre, sont désertés. Chacun, rentré dans ses foyers, ferme sa porte à la brise du soir devenue trop pénétrante.

Et pendant que « la verge d’or de l’automne » fait jau-