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Qu’il me suffise de dire que je ne recommencerais plus pour les richesses des Aztèques.

Il n’y a pas un manteau, fut-ce le plus absurde, que ma compagne n’ait essayé, sans qu’on lui ait assuré qu’il seyait à ravir et que c’était justement ce qui lui convenait.

Dans bien des cas, ces coupes parfaites dansaient sur ses épaules ou l’étranglaient au collet, mais, n’importe, on tapait sur les épaules, pour faire disparaître les plis, on pinçait la taille pour en dissimuler quelques autres, puis, on déclarait, qu’il n’y avait pas de manteau sous le soleil pour surpasser celui-là.

Pendant un instant, j’ai cru qu’il faudrait avoir recours aux supplications pour se défaire de ces pressantes importunités.

Une fois même, mon amie alla jusqu’à dire, pour se débarrasser de ces obsessions, que sa bourse n’était pas assez forte pour lui permettre l’achat immédiat d’un article aussi dispendieux que celui qu’on lui offrait. Vite, on lui propose de l’envoyer quand même chez elle, où elle paierait sur livraison, ou encore de déposer un léger à-compte entre les mains du caissier à condition que le manteau lui serait réservé jusqu’à ce qu’elle eût complété la somme.

Et il arriva qu’elle laissa, avant de partir, un dollar pour cet à-compte, quitte à téléphoner, quelques heures après, de remettre le manteau en vente.

Je ne parle pas de tous ceux qu’elle avait consenti à recevoir chez elle « en approbation, » se réservant alors de les refuser tout à son aise.

Vous me direz que ces concessions dénotent beaucoup de faiblesse de caractère ; vous avez raison. Que voulez-vous ? quand on est traqué de la sorte, acculé à un mur, il faut essayer d’en sortir le mieux que l’on peut.

Quelques paroles sèches, une verte semonce ou une plainte à l’administration feraient sans doute cesser cette espèce de persécution, mais, il répugne à la bonté de