Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est rare qu’on se trouve réellement dans ces dispositions, et de deux choses l’une : ou l’on répétera ces paroles machinalement, l’esprit distrait, sans y attacher le moindre sens, ou, si l’on y réfléchit, on se sentira une fieffée hypocrite. J’imagine que le Seigneur est plus content de quelques mots bien sentis, partant du cœur, que de l’accumulation de toutes ces phrases boursoufflées et tapageuses.

Le latin est autrement utile.

Oui, j’ai dit : utile. Vous riez ?

Des femmes étudier le latin, c’est le comble, n’est-ce pas ?

J’oublie qu’il ne nous est pas permis de sortir d’un certain cercle tracé par l’obscurantisme et soudé par le préjugé des siècles.

N’importe, je me permettrai cette liberté, et, ceux qui ne la trouveront pas bonne, tourneront la page.

Je pourrais d’abord représenter que « le latin est la langue des esprits d’élite, » qu’elle a longtemps dominé en Europe où elle était la langue officielle, et que Fénélon la recommande dans ses traités sur l’Éducation des Filles.

Je pourrais encore, pour soutenir ma cause, dire que cette étude sert éminemment au développement intellectuel, qu’elle agrandit les horizons, fait apprécier la beauté des textes originaux et que, constituant la base ou plutôt l’élément le plus important de notre langue, cette étude s’impose même, mais il faut être pratique avant tout.

Donc voici :

On en a besoin partout : pour faire un peu de botanique, de chimie, de médecine, de pharmacie, pour décomposer et trouver la racine des mots. Puis les allusions, les citations latines des auteurs classiques, pullulent partout et le moindre mot sottement nous embarrasse et nous oblige de passer outre, à moins qu’on ne s’avise de traduire par la consonnance, ce qui donne quelquefois lieu à de singulières méprises.