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Le mari appelle sa femme : Criquette ; lui, répond à son tour au surnom de Criquet, et, dans un commun accord, ils ont dénommé leur petite fille une délicieuse enfant de quatre ans à peine : petite Crique.

Aussi c’est très intéressant d’entendre, à une réunion d’intimes, la femme dire à son mari :

— Allons, Criquet, il est temps de partir.

— Comme tu voudras, Criquette. Où est petite Crique ?

Vous pensez que j’exagère, que je veux m’amuser. Point. C’est comme j’ai l’honneur de vous l’écrire : seulement avant de le faire, je me suis discrètement informée auprès de ce couple de grillons s’ils lisaient la « Patrie, » et, c’est sur leur réponse négative que je me permets de les livrer au public, sans crainte de froisser leurs sentiments.

On n’en finirait plus avec la liste de tous les petits mots d’amitié que les personnes du sexe donnent, bon gré, mal gré, à cette autre moitié d’elles-mêmes.

Quand, encore, ils ne sont que l’expression de leur vive tendresse, cette manie est, sans doute, toujours ridicule, mais il y a quelque chose de touchant qui vous la fait pardonner bien facilement.

Mais il y a des femmes qui appellent leur mari : mon chou, mon chat, pour ne pas avoir à leur donner leur véritable nom de baptême, lequel aurait le tort de ne pas leur plaire.

D’autres, ne font ni un ni deux changent ce nom entièrement, et tel, que vous auriez connu dès votre plus tendre enfance sous le nom de Michel, ne signera plus que Roméo après le mariage.

Cela me rappelle un brave garçon que j’ai connu chez nous, cultivateur de son état, répondant au nom de Mathias. Il se maria à une maîtresse d’école, celle, vous savez, qui s’opposa obstinément, par excès de modestie, à ce que les petites fille de sa classe s’assissent sur des bancs parce que c’était du masculin.

En bien, avec ces idées esthétiques, la dite dame, trou-