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Règne végétal, animal, minéral, tout est mis à contribution.

C’est une drôle de manière tout de même de témoigner son affection que d’affubler un pauvre homme de toutes sortes d’épithètes plus ou moins bien choisies, et, ridicules, dans tous les cas.

Je pense qu’on peut compter sur les doigts les femmes qui appellent leur mari, là, franchement, par le nom qu’il a reçu à son baptême.

C’est à qui inventera quelque petit nom, qui peut sonner bien doux à son oreille, mais qui ne laisse pas d’amuser les indifférents.

Ainsi successivement on entendra : mon chat, mon rat, p’tit vieux, mine, pauv’chien, etc., j’en passe et des meilleurs.

Quant à : bijou, chéri, mon cher, cela, on n’en parle seulement pas ; comme ce sont, après tout, les plus convenables, on leur en permettra l’usage, si toutefois elles veulent en rester là.

Mais l’imagination féminine est fertile : tous les jours il s’en invente de nouveaux, et, chaque petite mariée met quelque orgueil à créer quelque qualificatif qui lui soit propre.

Ainsi, que pensez-vous de l’idée de donner à son mari un nom féminin, de l’appeler comme j’entendais l’autre jour : ma petite fille ?

Je vous assure qu’il n’y avait rien de plus masculin que le héros en question. Probablement que ce terme ne se donnait d’ordinaire que dans l’intimité, où nous n’avions rien à voir, mais le malheur voulut que la jeune femme, un soir qu’il y avait de l’enthousiasme à la table de euchre, vint à lancer, dans un moment d’excitation joyeuse, cette malencontreuse épithète.

Vous pouvez juger de l’effet. Le pauvre homme ne savait où se cacher tant il était honteux. Aussi bien, je n’ajouterai rien pour ne pas augmenter sa confusion.

Un autre couple de ces heureux a trouvé mieux que cela encore.