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Ces jouets qu’on leur donne n’auront même pas le mérite de la nouveauté. Ils regretteront souvent telle ou telle autre chose, et, le Jour de l’An n’aura plus cet air de fête que nos enfantines imaginations lui prêtaient autrefois.

Il me semble que la bonne vieille coutume vaut mieux : celle qui nous faisait coucher le soir avec cette délicieuse attente de ce qui devait nous arriver pendant la nuit. Les rêves qui agitaient notre sommeil étaient couleur de rose, cette nuit-là ; de bien bonne heure, le lendemain, nous étions éveillés et commencions l’inspection de nos étrennes.

Ô les joyeuses surprises, ô les ravissantes extases que nous avions alors ! Rien que d’y penser, j’en ai l’âme tout émue. Je ne sais pourquoi on prive les enfants de ces douces jouissances.

Il en est que les rigueurs du sort traitent plus rudement encore. Ce sont ceux-là qui m’intéressent pardessus tout et qui ont droit aux sympathies.

Ça devrait être une de nos préoccupations que de rendre l’enfance heureuse. Tant de misères l’attendent dans la vie, qu’au moins, on devrait illuminer de quelques rayons de soleil les jours qui précèdent les luttes.

À cet âge, il est bien dur de souffrir déjà, et qui peut dire tout ce que le cœur d’un enfant renferme de tristesse ?

« Si j’étais grande dame » comme dans la chanson, je ferais en sorte que chaque mère de famille eût quelque chose à mettre dans le bas de son petit à la veille de Noël. Pas tant de présents utiles, mais des bonbons, des jolis riens qui vont plus sûrement au cœur des enfants, et leur font plus de plaisir que tout le reste. C’est leur fête, fêtons-la comme on l’aime à cet âge.

Tous les grands magasins donneraient volontiers, je n’en doute pas, à un comité de dames qui voulût bien