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prodigieuse de jeunes mariées accompagnées de leurs suivantes ; pourtant, aujourd’hui, elle porte avec ses compagnes, au couvent de Kenwood, le voile blanc des novices.

Ma cousine, elle, ne voyait qu’une plaine unie comme une grande mer d’où s’élevaient de légers embruns, derrière lesquels on croyait distinguer des mâts de navires.

Quelques mois plus tard, elle se mariait et allait demeurer à Malte pour y suivre son mari, officier dans la marine anglaise.

Moi… mais moi, je ne dis pas ce que j’ai vu.


Lundi, 19 décembre.

Dimanche prochain, la Noël, puis, le jour de l’an.

Deux grandes fêtes inséparables qui arrivent en se donnant la main. Avec les Rois, elles forment une trinité de réjouissances qui se trouvent toutes résumées dans cette appellation : les fêtes.

C’est un grand mot à la campagne. Longtemps à l’avance on en parle, et, mariages, noces et réunions sont renvoyés à cet heureux temps.

— Quand viendrez-vous nous voir ? demande-t-on.

— Aux fêtes, est-il répondu.

Pour faire tel achat, donner tel festin, étrenner une toilette, on attend aux fêtes. Aux fêtes ! toujours aux fêtes !

À la ville, on y met un peu moins d’enthousiasme. On appelle bien ça « les fêtes » aussi, mais plutôt parce que l’usage en a consacré l’expression que parce qu’elles mettent au cœur une joie spécialement exubérante.

Aussi, pour être franc, c’est le jour de l’an qui met son ombre au tableau. Les visites sont détestables, on redoute l’instant où il faudra secouer la main de tant