Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On décrochait les barrières, quelquefois même les persiennes qu’on allait ensuite échanger avec celles des voisins les plus éloignés.

On conçoit aisément les ennuis que ces espiègleries occasionnaient ; aussi, voyait-on, au temps où ces mascarades florissaient, des gardiens aux barrières de chaque propriété de la rue Sherbrooke.

Ce qui est plus amusant que tout cela et qui vous ferait passer, chères lectrices, un joli quart d’heure, ce soir, c’est la divination de vos destinées futures au moyen d’un blanc d’œuf.

On fait glisser dans un verre aux trois quarts rempli d’eau, le blanc d’un œuf, puis tenant le verre dans sa main, on l’élève à la lumière d’une lampe, et vous attendez que toutes les formes diverses que développe l’albumine vous disent quelque chose.

Tantôt on dirait de gracieux paysages, aux arbres vaporeux, aux maisonnettes dont les cheminées laissent échapper une tremblante fumée, tantôt une mer houleuse, avec ses vagues écumantes ou bien encore des processions de sylphides, tournoyant légères, aériennes autour de leur prison de verre.

C’est dans ces silhouettes que vous pouvez lire votre destinée, comme les filles du Danemark augurent de leur avenir par les arabesques que trace le plomb fondu, versé par leurs blanches mains dans des cuvettes d’eau, à travers les claies d’osiers.

Quelquefois, le hasard aidant l’imagination, fait concorder ce qu’on avait cru y deviner avec les événements que l’avenir nous prépare.

Il y a trois ans, une amie, une cousine et moi, tentions cette expérience.

Notre amie, au doigt de laquelle brillait alors l’anneau des fiançailles, voyait d’interminables défilés de blanches vierges passer devant ses yeux. On crut à une suite