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Une bonne odeur de pommes rôtissantes régnait dans l’atmosphère attiédie de la pièce. Sur la longue table, où tant de fois, j’aime à lui rendre ce témoignage, on a rompu le pain de l’amitié, étaient disposés les accessoires nécessaires aux conjurations du sort.

D’abord trois soucoupes : une pleine d’eau, l’autre de terre, mais la troisième doit rester vide.

Que celui ou celle qui veut consulter le destin, se couvre les yeux d’un bandeau et aille toucher, au hasard, l’une des trois soucoupes. Si c’est dans l’eau que ses doigts vont tremper, c’est un signe d’heureux mariage, si c’est la terre, c’est qu’on doit partir avant longtemps, « les pieds devant » pour le cimetière : enfin, si c’est la troisième, cela veut dire célibat perpétuel.

J’ai déjà lu quelque part que Burns donne cette pratique comme étant originaire de son pays, et qu’elle s’observe encore parmi les montagnards écossais, à chaque vigile de la Toussaint.

Une autre coutume plus amusante consiste à jeter un anneau de mariée dans de la pâte détrempée pour les crêpes. Quand on en fait faire une jolie pile, et que l’anneau se trouve bien dissimulé dans l’amoncellement, on apporte le plat sur la table et la maîtresse de maison coupe le tout en parts égales qu’elle distribue à ses hôtes. La personne à qui échoit l’anneau se marie dans l’année.

S’il arrive que ce soit un vieux marié que le sort favorise, des éclats de rire saluent cette abondance de biens, laquelle, — contrairement à ce que le proverbe nous enseigne, — pourrait nuire quelquefois.

Si cette superstition n’est pas canadienne, elle mériterait de l’être, à cause des crêpes.

On dit encore qu’une jeune fille, seule avec une chandelle dans une chambre obscure, et, qui mangerait une pomme devant un miroir, verrait la figure de son futur mari derrière son épaule, et son visage se refléter dans la glace devant elle.