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de l’Impiété. Chap. III. 33

frères! les premiers fidèles se conduisaient mieux que nous. Patience , ne nous décourageons point; Dieu nous aidera si nous restons unis.» Pour marquer plus spécialement l’objet de cette union, c’est alors qu’il rappelait sa réponse à Hérault : Nous verrons s’il est vrai qu’on ne puisse pas détruire la religion chrétienne. (66 Lett. au même.)

La plupart de ces divisions provenaient surtout de ce que les conjurés variant dans leurs opinions, et s’accordant fort peu dans leurs sophismes contre le christianisme, se blessaient, se heurtaient parfois les uns les autres. Voltaire s’aperçut de tout l’avantage qu’en tiraient les écrivains religieux, et ce fut alors qu’il donna à d’Alembert le soin de rapprocher le parti des Athées, des Spinosistes, de celui des Déistes. «Il faut, lui disait-il, que les deux partis s’unissent; je voudrais que vous vous chargeassiez de cette réconciliation, et que vous leur disiez : Passez-moi l’émétique, et je vous passerai la saignée.» (Au même. 37, lett. an 1770)

Ardeur et constance dans le complot

Ce chef des conjurés ne souffrait pas que leur ardeur se refroidît. Pour la renouveler, et pour animer leur zèle et leur constance, tantôt il écrivait aux principaux : «J’ai peur que vous ne soyez pas assez zélés; vous enfouissez vos talents; vous vous contentez de mépriser un monstre qu’il faut abhorrer et détruire. Que vous en coûterait-il de l’écraser en quatre pages, en ayant la modestie de lui laisser ignorer qu’il meurt de votre main. C’est à Méléagre à tuer le sanglier; lancez la flèche sans montrer votre main. Consolez-moi dans ma vieillesse.» (Lett. à d’Alemb. , 28 Sept. 1763).

Tantôt il faisait dire à quelque jeune adepte qu’un défaut de succès pouvait abattre : Courage, qu’il ne se rebute pas. (Lett. à Damil.) Tantôt enfin, pour les engager tous par le plus vif des intérêts, il leur disait à tous, par d’Alembert : «Telle est notre

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