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de l’Impiété. Chap. III. 35

porte en secret, et des mines qu’il creuse sous le temple. C’est une même haine qui laisse publiquement échapper ses transports, et qui le fait agir en conjuré plus encore qu’en ennemi public, et c’est ce conjuré surtout que j’ai à dévoiler dans ces mémoires.

Leurs leçons sur l'art de se cacher

En cette qualité, les mystères de Mytra et toutes les ruses des conspirateurs lui tiennent infiniment à cœur. En cette qualité, voici ses instructions secrètes : "Confondez l’infâme le plus que vous pourrez; dites hardiment tout ce que vous avez sur le cœur; frappez et cachez votre main. On vous reconnaîtra; je veux bien croire qu’on en ait l’esprit, qu’on ait le nez assez bon, mais on ne pourra pas vous convaincre." (Lett. à d’Al., Mai 1761).

"Le Nil, disait-on, cachait sa tête et répandait ses eaux bienfaisantes, faites-en autant vous jouirez en secret de votre triomphe. Je vous recommande l’infâme (Lett. à Helvétius, 11 Mai 1761). On embrasse notre digne Chevalier, et on l’exhorte à cacher sa main aux ennemis." (Lettre à M. de Villevielle, 26 Avril 1767.)

Il n’est point de précepte que Voltaire inculquât plus souvent que celui de frapper et de cacher sa main. Si parfois des adeptes indiscrets le faisaient reconnaître, il se plaignait amèrement de voir ses manœuvres découvertes; alors il démentait jusqu’aux ouvrages les plus incontestablement sortis de sa plume; alors il écrivait : "Je ne sais par quelle fureur on s’obstine à me croire l’auteur du dictionnaire philosophique; le plus grand service que vous puissiez me rendre est de bien assurer, sur votre part du paradis que je n’ai nulle part à cette œuvre d’enfer. Il y a trois ou quatre personnes qui crient que j’ai soutenu la bonne cause, que je combats jusqu’à la mort contre les bêtes féroces; c'est trahir ses frères que de les louer en pareille occa-

Tome I. C