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32 Conspiration des Sophistes

de cuistre, ni ceux de canaille, de polisson et autres injures de cette espèce, à tout homme qui ne pense pas comme eux, quelque mérite qu’il ait d’ailleurs, et surtout à tout homme qui écrit ou travaille en faveur de la religion.

Leur secret Quoique ces conjurés se parlassent ordinairement avec assez de clarté sur l’objet de leurs complots, le secret n’en était que plus recommandé à l’égard du public. Voltaire surtout le recommandait aux adeptes, comme un objet de la plus grande importance. «Les mystères de» Mitra , leur faisait-il dire par d’ Alembert, ne doivent point être divulgués. . . . Il faut qu’il y ait cent mains invisibles qui percent le monstre (la religion), et qu’il tombe sous mille coups redoublés "(Lett. à d’Alembert, 1er Mai 1768.)

Ce secret cependant devait moins tomber sur l’objet de la conspiration que sur le nom même des agents, et sur la manière dont ils s’y prenaient pour renverser l’autel. Car pour son vœu général d’anéantir le christianisme, la haine de Voltaire ne lui avait pas permis de le cacher; mais il avait à craindre, d’une part, l’opposition des lois, et de l’autre, il voulait éviter le mépris et la honte qui pouvait rejaillir sur lui, sur les adeptes, de l’impudence de leurs mensonges, de l’effronterie de leurs calomnies, si l’on avait pu en nommer les auteurs et les prendre personnellement à partie.

Ce n’est pas la faute de l’histoire si elle est obligée de montrer dans le chef des conjurés, l’homme tout à la fois le plus hardi, le plus constant dans sa haine du Christ, et en même temps le plus jaloux de cacher ses attaques.

Voltaire conjurant en secret et cachant ses moyens, n’est pas un autre homme que Voltaire hardi profanateur. C’est le même sophiste attaquant les autels du Christ en face de l’univers, mais espérant bien plus encore des coups qu’il lui