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de l’Impiété. Chap. II.

dans la ville de Calvin il n'y avait plus que quelques gredins qui crussent au consubstantiel, c'est-à- dire qui crussent à Jésus-Christ. C'étoit surtout la chute de l'église Anglicane qu'il se réjouissoit de pouvoir annoncer, quand il applaudissoit aux vérités angloises, c'est à-dire à toutes les impiétés de Hume ( Lett. au Marq. d'Argens, 28 avril 1760 ) ; ou quand il croyoit avoir le droit d'écrire que dans Londres le Christ étoit bafoué. ( Lett. à d'Alemb. 28 sept. 1761.)

Les disciples qui lui faisoient hommage de leur science philosophique, écrivoient comme lui : « Je n'aime point Calvin ; il étoit intolé rant, et le pauvre Servet en a été la victime ; aussi n'en parle-t-on plus à Genève, comme s'il n'avoit jamais existé. Pour Luther, quoi qu'il ne fût pas doué de beaucoup d'esprit, comme on le voit dans ses écrits, il n'étoit pas persécuteur, et il n'aimoit que le vin et les femmes. » ( Voy. Lett. du Landgrave à Voltaire, 9 Sept. 1766. )

ïl est même à observer que les succès des Sophistes conjurés, dans toutes ces églises pro- testantes, furent longtemps le spécial objet de leur satisfaction. Voltaire ne se contenoit plus de joie, quand il croyoit pouvoir écrire que l'Angleterre et la Suisse regorgeoient de ces hommes qui haïssent et méprisent le christianisme comme Julien l'apostat le haïssoit, le méprisoit (Voy. Lett. au R. de P. 15 Nov. 1773 ), et qu'il n'y avoit pas actuellement un chrétien de Genève à Berne. ( Lett. à d'Alemb. 8 Fev. 1776. ) Ce qui plaisoit enfin spécialement à Frédéric dans le succès de la conjuration, c'est ce qu'il annonçoit en disant à Voltaire, dans nos pays protestans on va plus vite. ( Lett. 143. )

Telle étoit donc l'étendue de la conspiration, qu'elle ne devoit laisser subsister aucune des églises, aucune des sectes reconnoissant le Dieu du christianisme. L'historien auroit pu s'y mé-