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de l’Impiété. Chap. II.

aura plus que la canaille sous les étendards de nos ennemis, et nous ne voulons pas de cette canaille, ni pour partisans, ni pour adversaires. Nous sommes un corps de braves chevaliers, défenseurs de la vérité, qui n’admettons parmi nous que des gens bien élevés. Allons, brave Diderot, intrépide d’Alembert, joignez-vous à mon cher Damilaville ; courez sus aux fanatiques et aux fripons ; plaignez Blaise Pascal, méprisez Houteville et Abadie, autant que s’ils étoient Pères de l’Église. » (Lett. à Damilaville, 1765.)

Voilà donc ce que c’est pour Voltaire qu’écraser l’infame ; c’est défaire ce qu’ont fait les Apôtres ; c’est haïr ce que haïssoit Julien l’apostat ; c’est combattre celui qu’ont toujours combattu les Athées, les Déistes et les Spinosistes ; c’est courir sus à tout St. Père, et à tout homme qui se déclare pour la religion de J. C.

Chez Frédéric.Le sens de cet atroce mot du guet n’est pas moins évident sous la plume de Frédéric. Pour le Sophiste couronné, tout comme pour Voltaire, le Christianisme, la secte chrétienne, la superstition christicole et l’infame, sont toujours synonymes. Pour lui, tout comme pour Voltaire, ce prétendu infame ne porte que des herbes venimeuses ; les meilleures pièces contre l’infame sont encore précisément les productions les plus impies ; et si elles méritent plus spécialement son estime, c’est que, depuis Celse, on n’a rien publié de plus frappant contre le christianisme ; c’est que Boulanger, cet auteur malheureusement plus connu par son impiété que par ses rétractations, est encore supérieur à Celse. (Voy. lett. du R. de Prusse, 143, 145, 133, an. 1767, etc. etc.)


Chez D’Alembert.Quant à d’Alembert, quoique plus réservé dans l’usage de l’affreux mot du guet, la preuve qu’il l’entend, c’est qu’il répond toujours dans le sens de Voltaire ; c’est que tous les moyens que nous le verrons suggérer, les ouvrages que

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