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Conspiration des Sophistes

homme qui avoit dit : » Je m’ennuie de leur entendre répéter que douze hommes ont suffi pour établir le christianisme ; et j’ai envie de leur prouver qu’il n’en faut qu’un pour le détruire » (Vie de Volt, par Condorcet), pour un homme qui, dans ses combinaisons contre l’infame, ne craîgnoit pas de s’écrier : « Seroit-il possible que cinq ou six hommes de mérite, qui s’entendroient, ne réussissent pas, après l’exemple de douze faquins qui ont réussi ? » (Lett. à d’Alemb. 24 Juillet 1760.)

Peut on bien se cacher que dans la bouche de ce frénétique, ces douze faquins sont les Apôtres, et l’infame leur maître ?

J’insiste peut-être trop, je prouve ce qui n’a plus besoin d’être prouvé ; mais l’évidence ne peut être superflue dans une pareille accusation.

Tous les hommes que Voltaire exalte, comme se distinguant par leur ardeur à écraser l’infame, sont précisément ceux qui ont observé le moins de décence et de ménagement dans leur guerre contre le christianisme. Ce sont les Diderot, les Condorcet, Helvétius, Fréret, Boulanger, Dumarsais et autres impies de ce rang. Ceux qu’il charge d’Alembert de réunir pour écraser plus efficacement l’infame, ce sont précisément et nommément les Athées, les Déistes et les Spinosistes. (Lett. 37 à d’Alemb. 1770.)

Quelle coalition que celle-là ? et contre qui encore peuvent se réunir les Athées, les Déistes et les Spinosistes, si ce n’est contre le Dieu de l’Évangile ?

Ceux au contraire contre lesquels Voltaire presse, anime le zèle des conjurés, ceux qu’il veut voir traités avec le plus profond mépris, sont les saints Pères, et les auteurs modernes qui ont écrit pour démontrer la vérité du christianisme et la divinité de J. C. « La victoire se déclare pour nous de tous côtés, écrit-il aux adeptes, je vous assure que dans peu il n’y