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de l’Impiété. Chap. II.

la haine, de la rage et de la frénésie ; elle consistoit dans ces deux mots, écrasez l’infame, et ces mots dans sa bouche, dans celle de d’Alembert, de Frédéric et de tous les adeptes, signifièrent constamment, écrasez Jesus-Christ, la religion de Jesus-Christ, écrasez toute religion qui adore Jesus-Christ.

Preuves du vrai sens de ce mot du guet chez Voltaire.Que le lecteur retienne son indignation, toute juste qu’elle est, pour écouter nos preuves.

Quand Voltaire se plaint que les adeptes ne sont pas assez unis dans la guerre qu’ils font à l’infame ; quand il veut ranimer leur zèle par l’espoir du succès dans cette guerre, il rappelle distinctement le projet et l’espoir qu’il avoit déjà conçu lui-même, lorsque vers l’an 1730, le Lieutenant de Police de Paris lui dit qu’il ne réussiroit pas à détruire la religion de Jesus-Christ, et qu’il eut la hardiesse de répondre : C’est ce que nous verrons. (Lett. 66 à d’Alemb. 20 Juin, 1760.)

Quand il se félicite de ses propres succès dans la guerre contre l’infâme, et des progrès que la conjuration fait autour de lui, il s’applaudit spécialement qu’à Genève, dans la ville de Calvin, il n’y a plus que quelques gredins qui croient au Consubstantiel. (119 Lettre, 28 Septembre. 1763.)

Quand il veut exprimer ce qui dans sa guerre contre l’infame le rend plus tolérant pour les Sociniens, c’est, dit-il lui-même, parce que Julien les auroit favorisés, parce qu’ils haïssent ce qu’il haïssoit, et méprisent ce qu’il méprisoit. (Lett. à Frédéric, 8 Novem. 1773.)

Quelle est donc cette haine commune aux Sociniens et à Julien l’Apostat, si ce n’est leur haine et leur mépris pour la Divinité de Jesus-Christ ? Quel est encore ce Consubstantiel dont Voltaire se réjouit de voir l’empire détruit autour de lui, si ce n’est Jesus-Christ ? Quel pouvoit être enfin cet infame à écraser, pour un