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Conspiration des Sophistes

ginoient-ils pas que dans quarante volumes de lettres à toutes sortes de personnes et sur mille sujets divers qui s’entrecoupent, s’entrelacent, il fût facile de saisir, de raprocher les fils d’une trame ourdie pendant bien des années. Quelque intention qu’ils aient eue, quelque art même qu’ils aient pu mettre à supprimer une partie de cette correspondance, ils n’ont pas réussi à rendre impossibles tous les rapprochemens que cet objet exige. Un travail de cette espèce n’eût été que fastidieux, pénible et révoltant, si je n’avois senti combien il pouvoit être utile, combien il étoit intéressant de constater sur les archives mêmes des conjurés l’existence de leurs complots, de se présenter, preuves en main, pour dire aux nations par quel art, par quels hommes on cherche à les séduire, à renverser tous leurs autels sans exception, ceux de Luther, ceux de Calvin, de Zuingle et de toute secte chrétienne, comme tous ceux des Catholiques ; ceux de Londres, de Genève, de Stokholm, de Pétersbourg, tout comme ceux de Paris, de Vienne, de Madrid et de Rome ; pour ajouter un jour avec toutes les preuves de l’évidence : Voilà quels crimes souterrains appeloient, par la conspiration contre votre Dieu, les conspirations contre vos Princes, contre vos Magistrats, contre toute société civile, et tendoient à rendre universel le fléau de la révolution Françoise.

Je sens toute la force et toute l’évidence des démonstrations qui peuvent seules justifier un pareil langage ; qu’on me pardonne de multiplier ici les preuves jusqu’à satiété.

Mot du guet des conjurés.Tous les conspirateurs ont ordinairement leur langage secret ; tous ont un mot du guet, une espèce de formule inintelligible au vulgaire, mais dont l’explication secrète dévoile et rappelle sans cesse sux adeptes le grand objet de leur conspiration. La formule choisie par Voltaire pour exprimer la sienne, fut dictée par le démon de