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de l’Impiété. Chap. II.

conseils et sans autres complices qu’eux-mêmes. Cela ne suffit pas pour en faire autant de conjurés antichrétiens.

Une véritable conspiration contre le Christianisme suppose non-seulement le vœu de le détruire, mais un concert et des intelligences secrètes dans les moyens de l’attaquer, de le combattre et de l’anéantir. Aussi, lorsque je nomme Voltaire et Frédéric, Diderot et d’Alembert, comme les chefs d’une conspiration antichrétienne, je ne prétends pas me réduire à prouver que leurs écrits sont ceux d’autant d’impies ennemis du Christianisme ; je dis que chacun d’eux avoit formé le vœu d’anéantir la religion de Jesus-Christ ; qu’ils se communiquèrent secrètement ce vœu ; qu’ils combinèrent de concert les moyens de le réaliser ; qu’ils n’épargnèrent rien de ce que toute, la politique de leur impiété pouvoit mettre en usage pour le remplir ; qu’ils furent les appuis, les principaux mobiles des agens secondaires entrés dans leur complot ; et qu’ils mirent enfin à le poursuivre toute l’intelligence, toute l’ardeur et toute la constance de véritables conjurés. Je prétends même tirer les grandes preuves de cette conjuration antichrétienne, de ce que nous pouvons justement appeler les archives des conjurés, c’est-à-dire de leur correspondance intime et longtemps secrète, ou bien de leurs aveux, et de diverses productions des principaux adeptes de la conjuration.

Vraies archives des conjurés Sophistes.Au moment où Beaumarchais donna l’édition générale de Voltaire, avec toute la pompe des caractères de Baskerville, déjà les succès des adeptes leur persuadoient peut-être que la gloire de leur chef, loin d’être compromise par l’idée d’un complot monstrueusement impie, recevroit un nouvel éclat de la publicité de leurs projets. Peut-être aussi les éditeurs de ces archives n’avoient-ils pas saisi eux-mêmes, ou bien n’ima-