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de l’Impiété. Chap. I.

N.° 22) ; soit enfin, lorsque pour faire un Sceptique, il falloit avoir la tête aussi bien faite que le philosophe Montagne. (idem, N.° 28.)

On ne vit jamais d’homme prononçant et le pour et le contre d’un ton plus affirmatif, qui sente moins la gêne, la contrainte, le trouble, le remords, l’inquiétude. Diderot ne les connoissoit pas même lorsqu’il prononçoit hardiment qu’entre lui et son chien il n’y avoit de différence que l’habit. (Vie de Sénèque, pag. 377)

Avec ces disparates dans leurs opinions religieuses, Voltaire se trouvoit un impie tourmenté par ses doutes et son ignorance ; d’Alembert un impie tranquille dans ses doutes et son ignorance ; Frédéric un impie triomphant ou croyant avoir triomphé de son ignorance, laissant Dieu dans le ciel, pourvu qu’il n’y eût point d’ames sur la terre ; Diderot alternativement Athée, Matérialiste, Déiste et Sceptique, mais toujours impie et toujours fou, n’en étoit que plus propre à jouer tous les rôles qu’on lui destinoit.

Tels sont les hommes dont il importoit spécialement de connoître les caractères et les erreurs religieuses, pour dévoiler la trame de la conspiration dont ils furent les chefs, et dont nous allons constater l’existence, indiquer l’objet précis, développer les moyens et les progrès.