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Le major me dit que je serais puni. Je lui demandai à écrire aux chasseurs ; je leur écrivis, mais ce fut de la prison… car j’y fus condamné pendant un mois, et mis au piquet, une fois par jour, à l’heure de la parade. C’est, de toutes les punitions que j’ai essuyées, celle qui m’a fait le plus de peine.

J’ai aussi porté des fusils, au nombre de dix, c’est-à-dire cinq sur chaque épaule. Ce fut à Saint-Servan que je fus condamné à cette peine ; j’avais été chercher du bois pour faire la Saint-Martin afin que l’argent nous servît à avoir quelques pots de cidre. Nous eûmes tort… mais surtout de nous faire prendre : ce fut le sergent-major qui nous dénonça. Quoique ce fût la mode de recevoir des coups de plat de sabre, on ne m’en a cependant pas distribué. Je n’ai pas non plus bu d’eau — car ceux qui avaient le malheur de se griser étaient condamnés à boire, le lendemain, un seau d’eau de huit pintes.

Dans ce régiment, et depuis que nous avions pour colonel le marquis de Vauborel, qui n’était autre chose qu’un bigot, dans chaque chambre il y avait une prière du matin et une du soir, que le chef de chambrée était obligé de faire tous les jours, le matin au roulement et le soir une demi-