Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’étais convalescent lorsqu’on fit un second embarquement  : je fus obligé de partir pour Brest. Langeron nous passa en revue. Je lui représentai qu’étant blessé comme je l’étais je ne pourrais pas supporter la mer ; il me fit réponse, avec cet air brutal que tous les militaires lui connaissent que cela n’empêchait pas de m’embarquer, et que je guérirais aussi bien à bord qu’à l’hôpital. Cela me déconcerta, car j’avoue que je ne voulais pas aller aux Indes faire la guerre à des hommes, sans savoir pourquoi.

Je montai donc à bord avec mes autres camarades, et le lendemain je fus à l’ambulance pour me faire panser par le chirurgien du bord. Sitôt qu’il vit ma plaie, il fut trouver le capitaine commandant et lui dit que j’étais hors d’état de pouvoir supporter la traversée et qu’il fallait me débarquer. L’on me mit à terre avec un billet d’hôpital : je fus à Recouvrance et j’y restai jusqu’à ce que le convoi fût parti.

J’étais attaqué d’une hernie d’estomac : on me fit faire un bandage avec un certificat constatant que j’étais hors d’état de supporter la mer. Ce certificat est signé du chirurgien-major des hôpitaux militaires, Girardeau[1].

  1. «  Nous, chirurgien en chef des hôpitaux militaires de Brest, sous-