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Au bout d’une année je fus guéri ; mais j’avais la poitrine qui me causait des douleurs.

Quatre mois après ma guérison, j’eus dispute avec un chasseur du régiment Royal-Vaisseaux qui m’avait provoqué sur tous points. Je m’étais déjà battu avec lui au fleuret moucheté, au sabre, et toujours il avait été blessé ; il me proposa le pistolet, que j’acceptai. J’avoue que c’était la première fois que je me battais avec cette arme. Nous prîmes chacun deux témoins qui chargèrent les armes et nous placèrent près d’un buisson qui faisait le rond. L’un parti d’un côté et l’autre de l’autre, à la première rencontre on se tirait dessus à volonté. Je l’avais aperçu et je l’ajustais lorsque la peur le prit et il tomba par terre. Son pistolet lui échappa de la main, je saisis l’instant, je courus dessus, lui mis le pistolet sur la gorge et le forçai à me demander excuse, ce qu’il fit de la meilleure foi du monde. Il nous dit qu’il n’avait pu tirer la gâchette et qu’on lui avait donné le plus mauvais pistolet. Aussitôt un de ses témoins lui fit voir le contraire et déchargea le pistolet sur-le-champ : ainsi il fut prouvé qu’il n’avait pas assez de courage.

Cette affaire semblait arrangée, mais au bout de quelque temps, il me chercha encore castille : il fallut