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lés de sorte que seuls les cinq ou six qui s’embarquèrent dans les canots avec les officiers ont eu leur part…

Arrivé à Morlaix, comme je l’ai dit plus haut, je profitai de cet argent. Plusieurs de mes écoliers me firent présent, l’un d’une montre, l’autre de bas de soie, enfin, ces «  braves gens » ne savaient que faire de leur argent ; aussi ne voyait-on qu’eux dans la ville faire des bombances ; j’ai fait avec eux des repas de sept cents livres.

Ce fut dans cet intervalle de temps que je fus blessé mortellement et bien malheureusement. Voici le fait :

Il était arrivé des prisonniers anglais à Brest, que l’on faisait refluer sur les derrières. En conséquence, un détachement les avait conduits depuis Brest jusqu’à Morlaix ; là, un autre détachement les reprenait et les menait jusqu’à Dinan où ils restaient en prison. Le sergent qui les avait conduits depuis Brest, était un de mes amis et parisien ; il s’appelait Bourgeau, dit Baisemoy, du régiment de Champagne. Comme il avait été maître d’armes, il fallut lui faire une réception. Tous les maîtres d’armes s’assemblèrent et l’on fit un assaut général ; les écoliers de chacun y furent invités ainsi que tous les amateurs. L’assaut fini, il fallut aller dîner, com-