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une bonne canne de jonc ; nous mîmes nos couteaux au bout que nous avions très bien attachés, et nous partîmes ; il était à peu près dix heures du soir. En route nous ne rencontrâmes aucun obstacle ; mais nous avons appris le lendemain que la bande était revenue dans l’auberge sur les onze heures et qu’ils avaient fait des perquisitions dans toutes les chambres, et même qu’ils avaient visité les paillasses : la boisson les avait sûrement portés à faire de pareilles sottises.

Je résolus d’en tirer vengeance. Je savais leurs noms, surtout ceux des trois qui m’avaient le plus insulté ; en conséquence, j’avertis plusieurs de mes camarades que nous irions le dimanche d’ensuite tous ensemble.

Le dimanche venu, nous partîmes huit militaires et quatre bourgeois, et comme il y avait deux de ces insolents qui demeuraient au Point-du-Jour, route de Versailles, à cet endroit, nous entrâmes dans un cabaret, et nous les fîmes demander. Ils vinrent de suite, ne croyant pas trouver pareille réception. À notre vue, ils changèrent de contenance. Je leur portai la parole et leur dis : Dimanche dernier, vous m’avez insulté par des propos et des paroles très graves, qu’un vrai militaire ne peut passer ; aujourd’hui, je viens vous en