Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mort que je craignais ; je n’ai jamais eu peur, mais le déshonneur d’être pendu.

Le lendemain de cette malheureuse scène, mon premier maître d’armes vint m’apporter la soupe. Je lui dis qu’il fallait faire tout le possible pour m’acheter du poison, et qu’à la parade, s’il entendait à l’ordre commander le Conseil de guerre, que je l’obligeais à mettre dans mon manger le poison en question, mais qu’il ferait bien de me le faire apporter par un autre que lui. Je lui rappelai qu’il avait un ami, un garçon apothicaire, qui me connaissait, et qu’il fallait l’amener à fournir ce qui était nécessaire.

Ce brave homme avait un grand caractère ; il me dit : « Sois tranquille, je t’achèterai tout ce qu’il faut, tu ne seras point pendu ; je suis charmé de voir en toi pareils sentiments. »

Je lui remis pour cette opération, vingt et une livres que j’avais conservées pour aller au pays. Le voilà parti, et au bout de trois heures il vint me dire qu’il avait ce qu’il fallait. Cela diminua un peu mon chagrin.

J’attendais l’heure de midi pour demander s’il n’y avait rien de nouveau pour moi ; la garde montante me dit que non.

Je pensais que j’étais criminel, mais non pas de