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CHAPITRE IV


Prévôt d’armes. — Rivalités. — Le travail des soldats. — Comment je manquai d’être pendu à Paramé. — Intervention de l’aumônier, du major, et de la marquise de mon capitaine. — Sur la paille. — Je fais des excuses. — Quelques bons tours à ce coquin de sergent. — Une rossée comme il faut. — J’avais une maîtresse.


Nous partîmes de Dunkerque pour le Hâvre-de-Grâce. Ce fut dans cette ville que je me perfectionnai au point de devenir en une année un des plus forts écoliers de la salle. Mon premier maître avait obtenu la permission d’enseigner ; il m’avait pris en amitié et me fit son prévôt. Tous les maîtres des grenadiers et chasseurs voulurent nous empêcher d’exercer. C’est à cette époque qu’il a fallu se battre les uns contre les autres. Plusieurs fois, nous avons remporté la victoire sur les grenadiers. Après plusieurs combats qu’il y eut, l’on mit à l’ordre que les premiers qui se battraient feraient trois mois de cachot ; c’était un lieutenant-colonel nommé Poulaillé qui prit cette mesure, un Provençal qui, depuis quarante années, n’avait pas