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un dortoir contenant trente-trois lits de feuillage. Derrière les deux extrémités du dortoir étaient, d’un côté la cuisine, et de l’autre le réfectoire.

Ces deux pièces formaient deux pavillons carrés, autour desquels j’avais pratiqué une galerie couverte qui les joignait ensuite, en passant le long du dortoir. Chacune des deux façades longitudinales avait cinq portes ou fenêtres.

Avec des pierres et un ciment que l’on compose avec de la chaux de corail blanc, nous voulions élever devant la façade de ce bâtiment un obélisque supporté par trente-trois colonnes dédiées chacune au nom d’un déporté.

L’édifice entier n’aurait pas ressemblé au temple du Soleil dans la ville de Palmyre ; mais il n’en fallait pas tant pour des malheureux. Notre premier désir était de travailler ensemble à quelque chose qui nous rendît la vie moins pénible et qui attestât à la postérité, si loin de la métropole du tyran, ses fureurs et nos infortunes.

Nous voulions enfin donner aux habitants d’Anjouan une preuve des progrès de la civilisation chez les Européens, et peut-être mériter par là quelques égards de leur part.

En effet nos travaux avaient fixé l’attention de tous les habitants d’Anjouan. Notre obélisque