qu’il y avait à ce bal des députés de toutes les habitations, qu’on y avait projeté de profiter du jour de l’an alors prochain et de la liberté qu’avaient les noirs de vaguer ce jour-là, pour égorger les blancs et se rendre maîtres de l’île, que les déportés étaient à la tête du complot puisque l’un d’eux (Serpolet) avait assisté ce bal. Alarmés de ces bruits, les habitants s’assemblèrent, demandèrent que Serpolet fût mis en prison et que dix d’entre nous fussent convoqués pour prononcer sur la peine qu’il méritait. Nous fûmes convoqués quelques jours après avec les habitants par l’organe du commandant. Le résultat de cette séance fut que Serpolet devait être mis en prison le temps que le citoyen Quinssy jugerait convenable, pour le punir d’une incartade involontaire, mais qui n’en était pas moins une faute que la politique devait reprendre. Nous nous séparâmes ensuite, bien convaincus que les habitants devaient être satisfaits. Nous fûmes étrangement surpris lorsque quelques jours après les habitants nous firent appeler par M. Quinssy et nous proposèrent de signer leur procès-verbal à la rédaction duquel nous n’avions pris aucune part, et qui portait en substance que Serpolet serait déporté sur l’Île-aux-Frégates, île déserte et sans culture. Les habitants
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