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ressemblaient à des squelettes, furent reçus avec bonté par le commandant, quoiqu’il fût embarrassé pour leur procurer des subsistances.

Le sieur Malavois avait déjà cherché à soulever les esprits contre nous à l’Île-de-France ; il y avait écrit qu’il était obligé de fuir les Seychelles devenues, disait-il, une nouvelle Gomorrhe par l’envoi que le gouvernement français venait d’y faire d’hommes abominables[1]. Ce fut sur cette let-

  1. On lit dans une adresse de l’assemblée coloniale de l’Ile-de-France aux consuls de la République datée du 20 vendémiaire an X et commençant par ces mots. Le 18 brumaire an VIII fut un jour heureux pour la France :

    «…Tout ce que les atrocités révolutionnaires ont de plus horrible se trouve réuni comme dans un même foyer ; où ? — dans un pays habité par les hommes les plus paisibles de la terre.

    « Les massacreurs de septembre, les conspirateurs du 3 nivôse, les bourreaux des rives de la Loire, les coupe-têtes d’Avignon, voilà les hommes que la France a vomis de son sein et que le ministre fait transporter, non loin de nos îles, à côté d’une population qui s’est conservée jusqu’ici saine et intacte.

    « Saisis d’horreur au récit de leurs crimes, habitués à maudire leurs forfaits, que sentirions-nous à l’aspect de ces monstres ? Mais ils sont appuyés de la recommandation du ministre…

    « Les îles de France et de la Réunion feront en faveur de leurs malheureux frères des Seychelles de plus généreux efforts. Elles emploieront tous les moyens pour empêcher que cette colonie intéressante par sa position, par ses habitants, par son climat, ne soit perdue à jamais pour la France, pour la préserver, s’il en est temps encore, de la destruction et des calamités auxquelles elle a été abandonnée, pour assurer leur propre conversation et interdire sur leurs côtes tout accès à la contagion.

    « Le mystère dont cette opération a été enveloppée à notre égard, le choix du lieu si proche de nous, et qui n’est point ordonné dans l’arrêté des Consuls.

    « Ces faveurs, ces ménagements envers de tels hommes qui, sui-