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Cependant quelques-uns d’entre nous avaient encore de l’espoir. Dès le premier jour de notre arrivée, avant le débarquement, Rossignol chercha à relever le caractère de ceux qui étaient moins bien trempés que lui :

« Amis, leur dit-il, ne vous alarmez point, nous reverrons encore le sol de la patrie. Le monstre qui nous a fait jeter sur cette terre ne peut avoir qu’une fin violente. Nouveau Néron, il achèvera sa carrière plus tôt que vous ne l’imaginez ; la France ne restera pas longtemps sous le joug de son oppresseur. Il périra, et la nouvelle de sa mort sera celle de notre délivrance. »

Le capitaine convoqua l’assemblée des notables du pays[1] ; cette assemblée décida que nous serions reçus, et ils s’obligèrent à nous fournir des vivres jusqu’à ce qu’il eût été pris des mesures pour assurer cet objet important. On proposa même de nous distribuer chez les habitants.

  1. Extrait d’une lettre du capitaine Guieysse commandant la Chiffonne au ministre de la Marine :

    « Le 22 messidor nous mouillâmes sur la rade de Mahé. Par la remise que je fis trois jours après des 32 détenus au citoyen Quinssy, commandant militaire, le principal but de notre mission se trouvait atteint.

    « Notre arrivée dans cette colonie naissante occasionna beaucoup de rumeurs parmi les habitants ; les nouveaux colons que je leur portais les inquiétaient beaucoup. Ils voulaient les reléguer sur quelque île déserte. »