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prit ; Germain lui répondait qu’il ne cherchait point à faire de phrases, et que s’il parlait mieux que lui, c’est que cela était naturel ; l’autre lui reprochait ses mots recherchés : la querelle s’échauffa ; durant ce temps une partie des autres membres s’était retirée ; il ne restait plus que trois ou quatre personnes. L’ex-général Rossignol s’était retiré et même un des premiers, et avant de se retirer il avait remis un ou deux louis dans la main du citoyen Fyon. »

Les égaux et les démocrates se rencontraient ordinairement au café des Bains-Chinois. Sophie Lapierre[1], une petite blonde rousse d’à peu près vingt-cinq ans, y chantait les poésies révo-

  1. Sophie Lapierre, qui dans le procès de Vendôme persifla les juges et ne leur répondit que par une révérence, chantait alors au café des Bains-Chinois les vers de Darthé, son amant, et de Germain, pour lesquels Buonarotti composait des musiques simples. Quand Grisel entra pour la première fois dans ce café, elle chantait une complainte sur la mort de l’illustre Robespierre « avec beaucoup d’affection ».

    Les couplets suivants étaient fort goutés au café des Bains-Chinois, en 1796.

     Là, dites-nous de bonne foi,
    Messieurs les tyrans de la France,
    Jusqu’à quand ferez-vous la loi,
    Quand verrons-nous tourner la chance ?
    N’est-ce pas assez gouverner ?
    Plus longtemps vous serait funeste.
    Capet aussi voulut régner.
    Comme nous vous saveé le reste.

    Soyez-en sûrs, le peuple est las,
    La faim l’agite et le réveille.