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finit. Babeuf et Rossignol causèrent alors ensemble. Je remarquai même que lorsque Babeuf lui dit : C’est moi qu’on appelle Babeuf, Rossignol (avec ses rondes épaules) parut surpris ; et il lui dit : « Mais, citoyen Babeuf, je suis surpris d’une chose… comment diable ! tu prêches la loi agraire, cela n’a pas le sens commun. — Ah ! dit Babeuf, la loi agraire ! je suis bien loin de là ; c’est une sottise… Comment ! la loi agraire qui consisterait à faire de la France un espèce d’échiquier, cela n’est pas possible ! c’est qu’on ne me connaît pas, qu’on n’entre pas dans mes grandes vues : car si y on entrait, on verrait que le système du bonheur commun que je professe n’est rien autre chose que celui de dépropriériser généralement toute la France. Il ne doit pas y avoir de propriété individuelle dans une république démocratique. La terre appartient à la nature ; les hommes, qui sont tous ses enfants, ont tous un droit égal à ses fruits. — Rossignol parut parfaitement convaincu. Oh ! dit-il, je reviens, à la bonne heure ! vous vous expliquez, au moins je vous entends.

« Babeuf lut un papier qui avait pour titre : Acte insurrectionnel ; avant de le lire, il nous l’annonça devoir être imprimé à 60 000 exemplaires, et peut-être plus même, suivant que le besoin pour-