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Sa narration, évidemment chargée en quelques endroits, ne doit pas cependant être repoussée pour les raisons de défense qu’invoquaient alors Babeuf, Germain, Darthé, Buonarotti et les autres prévenus. Les biographes n’ont presque rien puisé à cette source impure, car ils voulaient, pour la plupart, glorifier exclusivement les intentions philosophiques de Babeuf. Cependant, si Gracchus Babeuf occupe une grande place dans l’histoire des idées sociales, ce n’est pas pour avoir démarqué Jean-Jacques et Mably, c’est comme communiste violent prêt à passer de la théorie aux actes, comme anarchiste autoritaire précurseur des Blanqui et des Bakounine. Il voulait un coup d’État pour appliquer ses idées. Cette entreprise pouvait réussir : la preuve en fut faite au 18 brumaire. Mais la dictature de Babeuf eût été une dictature révolutionnaire. Est-ce à dire que le peuple l’eût moins bien accueillie ? Enfin, on ne peut voir en Babeuf un simple utopiste sans lui rendre mauvaise justice, bien que son procès n’ait été qu’un procès de papiers. On s’expliquera donc

    pour son voyage. N’en a-t-il pas déjà assez reçu, ce provocateur et véritable complice de ceux qu’il a fait mettre en jugement et qui ne sont pas aussi coupables que lui ? Nous faisons tous cette réflexion en nous regardant non sans quelque rougeur. Cependant le ministre de la police donnera des fonds au délateur Grisel.