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vention avec lesquels j’avais opéré dans la Vendée : je les pressais vivement de réclamer mon jugement ou ma mise en liberté.

Le 22 nivôse an III, une députation de la section des Quinze-Vingts se présenta et fut admise à la barre : elle réclamait également ce que le droit naturel assurait à tous les hommes, avant que la tyrannie la plus effrayante[1] eût violé tous leurs droits… la liberté ou le jugement !

Bourdon de l’Oise, cet ennemi acharné et éhonté de tous les hommes qui ont contribué pour quelque chose à la Revolution, prend la parole et dit[2] :

  1. Un décret de la Convention ordonne impérativement qu’un citoyen mis en arrestation sera jugé ou mis en liberté dans l’espace de deux mois. Comment se fait-il donc que toutes les lois de rigueur soient exécutées avec une effrayante promptitude, tandis que celles qui consacrent les principes augustes de la justice, de la bienfaisance, de la clémence, restent le plus souvent sans exécution ? (N. de l’A.)
  2. Pour se faire une idée du caractère de ce Bourdon, qu’on parcoure le Journal des débats de la Convention : on le verra applaudir le soir ce qu’il a blâmé le matin ; on le verra dénoncer la mise en liberté du général Aubert du Bayet comme l’attentat le plus affreux contre les patriotes, lui prodiguer les noms de conspirateur, de scélérat, de traître, et… en tournant la feuille, on sera stupéfait de voir mon Bourdon applaudir à la nomination de du Bayet au généralat en chef de l’armée de Cherbourg ; on le verra enfin poursuivre avec acharnement, à la suite du 31 mai, Lanjuinais et autres, et pousser la flatterie, après le 9 thermidor, jusqu’à nommer ce même Laujuinais le plus vertueux des législateurs. (N. de l’A.)