Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alors je leur dis : Citoyens, depuis votre arrivée, je n’ai cessé d’être vexé par plusieurs propos de votre part, qui tendent à m’attaquer sur mon patriotisme ; vous cherchez à me faire perdre la confiance de l’armée que j’ai su gagner par ma bravoure et mon caractère sociable ; je m’aperçois que j’ai perdu votre confiance, je viens déposer entre vos mains ma démission ; sans doute que des faux rapports auxquels vous avez ajouté foi m’ont rendu coupable à vos yeux ; je suis en ce moment élevé à un grade supérieur et ce grade exige qu’il n’y ait aucun doute sur ma conduite. Cependant je défie mes calomniateurs d’articuler un fait qui puisse attaquer mon civisme et ma probité… et, puisqu’il faut parler franchement, je vous somme de faire paraître devant moi mes calomniateurs.

Ruamps me répondit d’un ton impérieux de n’élever pas tant la voix. À la vérité, j’étais en colère et je lui dis que c’était ma manière de parler. Savez-vous, reprit-il, que j’ai fait fusiller tout l’état-major d’une armée. — Je sais que j’ai été souvent au feu et que je ne crains pas la fusillade… J’ajoutai que, puisque le pouvoir législatif n’était pas d’accord avec le pouvoir exécutif, on ne pouvait faire le bien de son pays, que c’était