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de salut public et finissaient par dire : « Tous les coquins ne sont pas encore arrêtés… il y en a encore un qui n’est pas loin d’ici… » — C’était moi qu’ils désignaient, puisque tous les autres avaient le verre à la main. — Tous les autres généraux étaient bien reçus ; plusieurs mangeaient et buvaient avec eux ; il n’y avait que moi qu’ils ne pouvaient souffrir.

Enfin, après huit jours de scènes toujours plus fortes les unes que les autres, je fus les trouver après leur dîner qui ne se faisait qu’à cinq heures du soir. Ils en étaient au dessert, et même ils avaient pris leur café et liqueurs. Sitôt qu’ils me virent entrer, Ruamps dit qu’il fallait redoubler et boire à la santé de sainte Guillotine, qui venait de faire une belle opération : c’était le jour de Danton, etc. Il ajouta que le tour des autres ne serait pas long à venir. Après qu’ils m’eurent vexé, je leur demandai une audience particulière. J’avais eu soin de me défaire de mes armes et même d’ôter mon couteau de ma poche, car je voyais qu’ils étaient sur le point de dire que je venais pour les assassiner. Ils me répondirent que si c’était pour affaire de service, ils voulaient bien m’entendre, mais que, si c’était affaire particulière, je pouvais parler, qu’il n’y avait personne de trop.