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Ils le menacèrent de le faire fusiller et lui donnèrent vingt-quatre heures pour se résoudre. On l’emmena. Le lendemain, devant eux, il tint encore le même langage. Enfin, se voyant près d’être fusillé, il se mit à genoux et leur dit : « Vous pouvez me tuer, mais je ne peux pas vous dire ce qui n’est pas. » Il resta à genoux, et pleurant sa femme et ses enfants, il demandait grâce. Ils le renvoyèrent en prison et le lendemain le commandant temporaire de la place recevait l’ordre de le faire transférer au Tribunal révolutionnaire de Paris, avec leur arrêté que j’ai vu. Il fut lié et garrotté tout le long du chemin ; conduit à la prison du Luxembourg, il y resta six mois et manqua bien des fois d’être compris dans les complots des prisons, complots qui n’ont jamais existé. Il sortit un mois après le 10 Thermidor. Avant d’être courrier, il était maréchal-des-logis de la compagnie des canonniers de la 35e division de gendarmerie et vainqueur de la Bastille. — Ce trait m’annonça quelque menée sourde contre moi. Je fus le lendemain chez eux avec tous les généraux : ils tinrent plusieurs propos, disant que tous les grands conspirateurs n’étaient pas encore frappés, mais qu’ils ne tarderaient pas à être découverts. D’abord je ne pris pas cela pour moi,