Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des quatre qui m’étaient attachés, c’était celui dans lequel j’avais le plus de confiance ; il m’avait donné des preuves de son intrépidité à faire son devoir, maintes fois ; je leur rappelai les dangers qu’il avait courus, qu’il avait été blessé plusieurs fois par les Brigands en portant des dépêches, et ce fait, entre autres, que, se voyant près de tomber entre les mains des Brigands, il descendit de cheval, se jeta dans un bois, cacha les ordres dont il était porteur (qu’il alla rechercher un mois après) et réussit à leur échapper bien qu’ils eussent tué son cheval. À coup sûr un homme de ce genre ne pouvait être qu’un bon citoyen. Cependant je leur dis que, s’il s’était permis quelque autre crime, j’étais le premier à demander son jugement, mais que je l’en croyais incapable. Ne pouvant obtenir sa liberté, je m’en fus après avoir essuyé toutes sortes de vexations de leur part. Le lendemain de ma réclamation ils firent venir le courrier et ils lui dirent qu’ils savaient bien que c’était moi qui lui avais dit de répandre le bruit que l’embarquement n’aurait pas lieu. Il répondit qu’il ne m’avait pas vu, qu’il arrivait de Paris et qu’il avait remis ses dépêches au chef d’état-major. Il leur soutint qu’il n’avait pas tenu le propos qu’on lui reprochait.