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toutes les troupes en ordre rentraient dans Rennes.

Je demandai un Conseil de guerre.

Jeanbon était arrivé de Brest à Rennes. Il y avait à ce Conseil six représentants du peuple et tous les généraux de l’armée. Je pris la parole et je leur dis : Il est incroyable que le jour qui devait voir la mort des Brigands soit devenu un jour de victoire pour eux, parce que les ordres que j’avais donnés n’ont point été exécutés. Je m’aperçois qu’il y a rivalité entre quelques généraux et je prie les représentants d’accepter ma démission. Je présume que c’est l’ambition qui domine et sans doute quelques-uns ne veulent pas que ce soit sous mes ordres que l’on remporte une si belle victoire… Eh bien, je ne tiens pas à mon grade, si je suis sûr que, aussitôt que je ne serai plus général en chef, l’armée républicaine triomphera le lendemain des Brigands. »

Les représentants du peuple ne voulurent pas accepter, et l’on fit tomber ma motion[1], en entamant d’autres propositions.

  1. Après le conseil, ajoute Kléber, on avait l’habitude de rester quelque temps réunis pour parler sur les affaires du temps. Prieur s’abandonnait alors ordinairement à son délire révolutionnaire ; car, disait-il souvent, je suis, moi, le romancier de la révolution. On vint à parler du fardeau d’un commandement en chef et de la responsabilité qui en était inséparable ; on voulait faire allusion à Rossignol. Prieur s’en aperçut et dit aussitôt : « Le Comité