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Alors je fis battre la générale et devant les habitants assemblés sur la place en bataillon, je dis : Je sais qu’il existe dans la ville des hommes pervers ; il y en a parmi vous qui tendent les bras aux Brigands ; mais je vous jure, foi de républicain, que si vous ne soutenez pas la troupe de ligne de tous vos efforts, les Brigands n’entreront dans la ville de Rennes que sur des cendres, car je suis résolu à y mettre le feu. Aussitôt la garde nationale me dit d’une voix unanime : « Général, nous nous battrons jusqu’à la mort et nous périrons sous nos murs. Nous demandons le poste le plus périlleux. » Je leur dis : Mes camarades, soyez persuadés que je ne vous abandonnerai pas et que je mourrai, s’il le faut, au milieu de vous[1]. Alors je marchai à leur tête et leur fixai un poste

  1. Vers cette époque, le 11 novembre 1793, Rossignol écrivait au Comité de salut public une lettre que cite Savary (tome II, page 331) : « Je fais tous mes efforts pour détruire tout ce qui attente à la liberté, mais il y a encore des hommes humains, et, en révolution, c’est un défaut, selon moi. — J’ai besoin d’un congé d’un mois ou cinq semaines pour la guérison d’une maladie qui me met hors d’état de donner tous mes soins aux intérêts de la République.

    « P.-S. — Il serait à désirer pour le bien, en mesure générale, que l’on envoyât près de cette armée le citoyen Fourcroy, membre de la Montagne, pour nous aider de ses lumières et parvenir enfin à la destruction des Brigands. C’est le sentiment d’un de vos collègues qui connaît son talent en chimie. »