Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/278

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le directeur de la poste appelé Blain, leur représenta le danger qu’ils couraient en me retenant prisonnier et s’offrit lui-même, avec plusieurs de ses concitoyens, à partir à cheval, afin de reconnaître la marche de l’ennemi. Alors, le département me renvoya à mes fonctions. Dans la nuit même, je fis sortir la cavalerie avec ordre de faire des patrouilles sur tous les chemins à distance de quatre lieues. Le citoyen Blain vint m’avertir que l’ennemi n’était plus qu’à dix lieues. Je fis doubler les travaux, et je puis attester que les citoyens de Rennes s’y sont assez bien prêtés.

Les représentants du peuple Bourbotte, Prieur, de la Marne, Esnuë-Lavallée arrivèrent à Rennes. Je ne voulus pas être sous la surveillance du département et ils déclarèrent la ville en état de siège. Je fis évacuer tout l’arsenal, toutes les subsistances sur la route de Nantes. Les aristocrates criaient que l’on voulait livrer la ville. Je fis mettre tous les flambeaux en réquisition. L’ennemi vint jusqu’à deux lieues. Toutes les positions étaient prises et les troupes bivouaquaient derrière leurs retranchements.

On murmurait toujours dans la ville à propos des subsistances. Les riches de l’endroit s’étaient rassemblés et tâchaient d’égarer la troupe.