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de mes cheveux ne le fût pas je me brûlerais la cervelle. — C’était quelque chose comme ça ; je ne me rappelle plus bien.

    Une voix : Qu’a-t-il fait pour être général ?

    Delacroix : Eh ! dites-moi, vous, qu’est-ce qu’il n’a pas fait ? Je n’ai jamais vu ce général ; mais sur l’avis de cinq de mes collègues, je crois qu’il est nécessaire au poste où il avait été appelé, et j’invite la Convention à lever sur-le-champ la suspension prononcée contre lui.

    Tallien : Président, un mot avant la clôture de la discussion. Delacroix a éprouvé une interruption à laquelle je dois répondre. On demande ce qu’a fait Rossignol. Je répondrai : depuis le commencement de cette guerre, Rossignol s’est battu plus de cinquante fois ; à la tête de la 35e division de gendarmerie qu’il commandait, il s’est trouvé à toutes les attaques ; à l’affaire de Chemillé, il était auprès du général Duhoux lorsque celui-ci fut blessé ; les braves qu’il commandait étaient au nombre de 700 lorsqu’ils se rendirent dans ces contrées, le sort des combats les a réduits à 200. Si l’on me demande ce que Rossignol a fait comme général, je dirai : il a trouvé une armée débandée, il l’a réorganisée ; il a combattu les mauvais principes dont elle était infectée, et il y a ranimé l’esprit républicain, il a puni les désorganisateurs et l’armée a toujours marché à la victoire ; il a réparé les injustices de Biron ; il a récompensé le mérite dédaigné, et Salomon commande maintenant l’avant-garde : voilà ce qu’a fait Rossignol comme général. Quoi ! dans cette assemblée on a répondu de Beysser et de Westermann ; tous deux parcourent librement les départements insurgés ; Westermann est actuellement à Niort, où il ranime l’esprit fédéraliste qui infecte ces contrées, et un homme aussi brave que Rossignol ne trouverait point ici de défenseur ? Serait-ce donc parce que c’est un véritable sans-culotte ? Serait-ce parce qu’il a toujours soutenu la cause du patriotisme ? Serait-ce parce qu’il souffrit avec la minorité opprimée et qu’il l’aida de tout son pouvoir ? Non, l’assemblée sera plus juste, elle lèvera la suspension, et il sera beau de voir Rossignol, sorti de cette classe tant dédaignée par la noblesse, succéder à Monseigneur le duc de Biron.

    La Convention ferme la discussion, lève la suspension, rappelle ses commissaires, Bourdon (de l’Oise), et Goupilleau (de